lunedì 31 luglio 2023

MOUSTAFÀ FANNANE : UNE AUTRE VICTIME DU SYSTÈME DES CENTRES PERMANENTS DE RAPATRIEMENT

 

Foto: https://www.facebook.com/profile.php?id=100009061287241


Traduzione dall'italiano a cura dell'APS Il cappellaio matto

MOUSTAFÀ FANNANE: une autre victime du système des "Centres permanents de rapatriement" (ou Centres d'identification et d'expulsion) ou un décès suspect dû aux médicaments psychiatriques et à la détention dans un centre de rapatriement.

Le 19 décembre 2022, Moustafà Fannane, nè en 1984, originaire de la ville marocaine de Fqih Ben Salah, est décédé à Rome. Une énième mort suspecte due à l'abus de médicaments psychiatriques.

Moustafà était arrivé en Italie en 2007, comme beaucoup de ses compatriotes à la recherche d'un avenir meilleur, et pendant un certain temps il avait mené une vie régulière faite de travail afin d'aider sa famille au Maroc en grande difficulté économique. Décrit par ses connaissances comme une personne gentille et polie, en 2014 il commence à avoir des difficultés et il perd son emploi et son logement. Comme si cela ne suffisait pas dans cette situation dramatique et précaire, il a été atteint en 2015 par un arrêté d'expulsion, une circonstance qu'il n'aurait jamais pu gérer d'un point de vue juridique compte tenu des conditions dans lesquelles il se trouvait.

En 2019, il a été détenu pendant six mois dans les Centres permanents de rapatriement (CPR) de Rome et de Turin. En été 2020, malgré son état de malaise psychologique et socio-économique, il sera de nouveau conduit dans le CPR. De nombreux habitants du quartier de Torpignattara à Rome où il résidait ont jugé cette mesure totalement injuste et inappropriée pour une personne ayant besoin de soins et de soutien. En août 2022, il est de nouveau arrêté et ramené au CPR. Il sera jugé apte à rester en confinement. Au cours de cette dernière détention, au contact d'une de ses connaissances, il se plaindra d'être atteint d'un gonflement du visage dont il ne peut expliquer la raison, circonstance remarquée plus tard par de nombreuses autres personnes, une fois libérées, qui furent très surprises par ses conditions, aussi de apathie et pâleur, définies comme quelque chose liés aux effets néfastes des médicaments psychiatriques. Dans la documentation remise par le centre aux avocats de la famille, il n'y a pas de papiers de démission, donc après 3 mois de thérapie à base de 25 à 50 gouttes de diazépam par jour, Moustafà est libéré sans aucune indication thérapeutique ni prescription pour une visite chez un spécialiste. Il sera retrouvé inconscient dans la rue et mourra à l'hôpital Vannini trois semaines seulement après sa sortie du CPR.

Nous sommes bien conscients que les médicaments psychiatriques sont le principal outil de gestion des personnes détenues dans les centres de rétention pour le rapatriement des migrants. Antiépileptiques, antipsychotiques, antidépresseurs et méthadone: «Ils sont utilisés pour étourdir les femmes et les hommes afin qu'ils mangent moins, restent plus calmes et résistent davantage à l'entassement des cages dans lesquelles ils sont entassés. Les médicaments psychiatriques coûtent moins cher que la nourriture pour l'organisme gestionnaire et permettent de remplir davantage le CPR et d'augmenter la durée de séjour de chaque migrant dans la structure, afin d'augmenter les revenus ».

Au CPR « il n'y a pas d'activités, les journées sont toutes les mêmes; un professionnel nous a dit que les médicaments psychiatriques sont utilisés pour étourdir les gens afin "qu'ils mangent moins, fassent moins de bruit, revendiquent moins leurs droits". Les dépenses en médicaments psychiatriques sont très élevées alors que la protection de la santé au sein du CPR n'est pas confiée à des personnalités spécialisées, qui travaillent pour le SSN - Système National de Santé, mais à des personnes embauchées par des organismes gestionnaires [privées] qui visent à faire des économies". Sur les chiffres: par rapport à l'extérieur [Système National de Santé], sur une population de référence similaire, les dépenses en antidépresseurs, antipsychotiques et antiépileptiques dans le CPR de via Corelli à Milan sont 160 fois plus élevées, dans celui de via Brunelleschi à Turin 110 fois, dans celui de Rome 127 fois, 30 fois à Caltanissetta et 25 fois à Macomer.

Même à Rome, en cinq ans, 154 500 tablettes de Buscopan ont été achetées sur un total de 4 200 personnes qui sont passées. En moyenne, 36 comprimés chacun, quand un cycle "normal" en prévoit 15 au maximum. A Turin, les dépenses en clonazépam (Rivotril) de 2017 à 2019 étaient de 3 348 euros, soit près de 15 % du total (22 128 euros), tandis qu'à Caltanissetta entre 2021 et 2022, nous savons que 57 040 comprimés ont été achetés : 21 300 rien qu'en 2021, contre 574 personnes détenues. Cela signifie en moyenne 37 par tête. Toujours à Milan, le Rivotril représente la moitié des dépenses totales en psychotropes avec 196 boîtes achetées en seulement cinq mois.


Cette triste histoire aux nombreux points encore obscurs nous invite à nous demander comment il a été possible qu'une personne en difficulté comme Moustafà ait pu faire l'objet de nombreuses arrestations et détentions au CPR; si les institutions ont jamais vraiment essayé de faire quelque chose pour cette personne. Nous nous demandons également si le respect et la protection de la santé des détenus à l'intérieur du CPR sont garantis, à compter des visites médicales.

Pour le moment, une procédure a été ouverte auprès du Parquet de Rome pour la mort de Moustafa. Nous espérons que la clarté sera faite sur les véritables causes de la mort de Moustafa qui ne cherchait qu'une vie meilleure.

Collettivo Antipsichiatrico Antonin Artaud
Collettivo Antipsichiatrico Antonin Artaud
via San Lorenzo 38, 56100 Pisa
antipsichiatriapisa@inventati.org

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