http://depsychiatriser.blogspot.it/2017/08/repenser-la-securite-publique-plaidoyer.html
par SARAH KNUTSON, 15 février 2016.
Originellement publié sur le blog Mad in America.
Campagne Prohibition Absolue, blog absoluteProhibition.org.
Traduit aussi en italien sur le blog Il Capellaio Matto.
Principe 28: Nous exigeons la fin de toute intervention psychiatrique involontaire.
Peu de temps après avoir publié ce principe de la 10ème Conférence
annuelle sur les droits de l'homme et l'oppression psychiatrique
(Toronto, 1982, traduit en français sur ce blog), les commentaires suivants sont apparus sur ma page Facebook:
« Il faudrait que cela soit remplacé par quelque chose d'autre, nous
devons avoir de solides soutiens nous devons prendre soin les uns des
autres. »
« Eh, vous, les radicaux, la maladie mentale est une maladie physique
qui nécessite l'attention d'un médecin spécialement formé. Si vous
n'aimez pas le traitement partez pour un île déserte [sic] où vous
pourrez souffrir sans déranger les autres. »
On comprend que ces questions soient difficiles. Historiquement, il y a
eu beaucoup de différence d'opinions et de débat authentique. En 2006,
les Nations Unies sont intervenues avec force. Elles ont approuvé la
Convention Relative aux Droits des Personnes Handicapées (CDPH). La CDPH
interdit la détention involontaire et les interventions forcées fondées
sur le handicap psychosocial. Ceux-ci sont considérés comme des actes
de discrimination qui violent le droit à une protection égale devant la
loi. Dans le cadre de la CDPH, les personnes ayant un handicap
psychosocial ont les mêmes droits à la liberté, à l'autonomie, à la
dignité, au consentement éclairé, à l'autodétermination et à la sécurité
de l'individu et des biens que chacun.
Peu de temps après, le "traitement" forcé a également été jugé contraire à la Convention Contre la Torture (CCT):
« Les États devraient imposer une interdiction absolue de toutes les
interventions médicales forcées et non consensuelles contre les
personnes handicapées, y compris l'administration non consensuelle de la
psychochirurgie, de l'électrochoc et des médicaments psychoactifs, tant
pour les administrations à long ou à court terme. L'obligation de
mettre fin aux interventions psychiatriques forcées basées sur des
motifs de handicap est d'application immédiate et des ressources
financières limitées ne peuvent justifier le report de sa mise en œuvre.
Le traitement et l'hospitalisation forcés devraient être remplacés par des services dans la communauté qui répondent aux besoins exprimés par les personnes handicapées et qui respectent l'autonomie, les choix, la dignité et la vie privée de la personne concernée. Les États doivent réviser les dispositions légales qui permettent la détention pour des raisons de santé mentale ou dans des établissements de santé mentale et des interventions ou traitements coercitifs dans le cadre de la santé mentale sans le consentement libre et éclairé de la personne concernée. »
Le traitement et l'hospitalisation forcés devraient être remplacés par des services dans la communauté qui répondent aux besoins exprimés par les personnes handicapées et qui respectent l'autonomie, les choix, la dignité et la vie privée de la personne concernée. Les États doivent réviser les dispositions légales qui permettent la détention pour des raisons de santé mentale ou dans des établissements de santé mentale et des interventions ou traitements coercitifs dans le cadre de la santé mentale sans le consentement libre et éclairé de la personne concernée. »
Beaucoup d'entre nous espéraient que ce serait un point final : aucun traitement forcé, clair et simple.
Néanmoins, le débat se poursuit. En apparence, il s'est accéléré -
plutôt que de se tarir - au cours des dernières années. De toute
évidence, beaucoup d'entre nous luttent sincèrement avec ces questions.
Il y a des personnes de conscience de tous les côtés.
Plaidoyer pour le 100% volontaire
Au cours des dix dernières années, la communauté internationale s'est
progressivement éloignée des interventions involontaires. Cet essai est
le premier d'une série. Il souligne des raisons importantes pour
lesquelles le reste d'entre nous devrait suivre. Ce sont les suivantes:
1. Ces problèmes sont universels, pas médicaux
La vie, par nature, est difficile et risquée. Nos principales certitudes
sont la mort, la perte et la vulnérabilité. La douleur, la souffrance,
la maladie et le besoin sont à peu près égaux.
L'idée est de minimiser le risque autant que possible, tout en
conservant la spontanéité essentielle de se sentir en vie. C'est une
entreprise très personnelle. On ne sait jamais exactement ce que cela
signifie pour quelqu'un d'autre.
Cela étant dit, les communautés peuvent et devraient offrir un soutien à
tous ceux qui le souhaitent. À certains moments, chacun d'entre nous
pourrait vouloir aider à équilibrer: (1) les facteurs qui concernent
d'autres, (2) les alternatives possibles (médicales, naturelles et
communautaires); (3) risques et bénéfices; Et (4) les valeurs
personnelles et les considérations de style de vie. La responsabilité,
cependant, est sur les instances de soutien potentielles de gagner et de
conserver notre confiance. C'est l'approche adoptée par les Nations
Unies dans le CRPD. (Article 12).
2. Les cliniciens sont de mauvais prédicteurs
Il est difficile de savoir à l'avance qui est un "danger". Les
cliniciens sont notoirement médiocres dans la prédiction du suicide ou
de la violence. Dans les cas individuels, ils font à peine mieux que le
lancer d'une pièce à pile ou face.
Tout aussi dérangeant, les personnes qu'ils vont enfermer n'ont pas été
accusées d'un crime, et encore moins condamnées. Pourtant, sur des
probabilités fragiles, les personnes innocentes perdent emploi,
entreprise, carrière, logement, la garde des enfants et bien plus
encore.
Et ce n'est pas fini. En règle générale, pour perdre la liberté dans la
société, douze jurés qui ont fait l'objet d'un examen attentif de leur
partialité doivent convenir à l'unanimité que quelqu'un est coupable
au-delà de tout doute raisonnable. Dans le système de santé mentale, un
seul clinicien avec peu à perdre et beaucoup à gagner prend la décision.
De loin, le choix le plus sûr est d'errer du côté de l'enfermement. Se
tromper dans ses prédictions implique des dommages sérieux, des familles
désemparées, des audits internes, de la mauvaise presse, des procès,
des pertes d'emplois potentielles ou des pertes de revenus. Les nuits
sans sommeil et les appels à la maison ne doivent pas être négligés.
3. Les médicaments sont, au mieux, problématiques
Contrairement à la croyance populaire, le choix de refuser les
médicaments est rationnel. Même si vous remplissez des critères de
diagnostic, il existe de nombreuses bonnes raisons de "simplement dire
non". Ce n'est pas seulement pour les particuliers et les familles, mais
aussi pour les assureurs et les gouvernements.
Au cours des dernières décennies, l'utilisation des médicaments a
augmenté, et les taux d'incapacité ont grimpé au plafond. Les résultats à
long terme et les taux de rechute ont empiré dans l'ensemble.
Particulièrement gênant, on constate que les pays du tiers monde (où les
gens sont trop pauvres pour se payer les médicaments) obtiennent des
résultats bien meilleurs, et de façon frappante.
Même en tant que première ligne de défense dans les situations
d'urgence, il y a de sérieuses inquiétudes. En fait, les médicaments ne
sont pas neutres vis à vis des dommages infligés. Les effets connus
incluent la mort, la psychose, la colère, le désespoir, l'agitation, les
tremblements, les vomissements, l'impulsivité, les tics, les mouvements
incontrôlables, la perte de mémoire, les démangeaisons qui rampent sous
la peau, la faim insatiable, le gain de poids rapide, un état de
conscience sombre et vide, l'impuissance, l'insomnie, l'hypersomnie, la
fatigue, les sautes d'humeur, et la liste continue. Beaucoup d'entre
nous ont fait l'expérience de médicaments qui créent des impulsions à la
violence ou au suicide que nous n'avons jamais eu auparavant. Certains
d'entre nous sont passés à l'acte.
Les considérations à long terme sont tout aussi alarmantes. La
susceptibilité à la rechute, la perte de matière cérébrale, l'obésité,
le diabète, l'insuffisance cardiaque congestive et l'incapacité
permanente augmentent en fonction de l'exposition. Au moins en partie à
cause des effets sur les médicaments, les "malades mentaux" perdent
15-25 ans (en moyenne!) sur leur espérance de vie naturelle.
Pour de nombreuses personnes, les risques pour la santé liés aux
médicaments ne représentent pas la moitié de la question. Beaucoup de ce
que vous aimez dépend de vos valeurs. Les préférences et le sentiment
d'être bien, diffèrent d'une personne à l'autre. Par exemple, choisir de
se reposer sur les médicaments ou bien choisir de faire l'apprentissage
de la maîtrise de soi. Choisir de suivre les règles ou bien choisir de
poser des questions. Choisir de respecter des experts ou bien se fier à
la sagesse que l'on ressent à l'intérieur de soi. Choisir la gestion de
ses sentiments ou bien en faire sa propre expérience. Choisir les
approches médicales ou bien les approches naturelles. Et choisir de voir
dans la science la source de la guérison ou bien considérer plutôt la
connexion humaine ou spirituelle.
En ce qui concerne les médicaments, on peut dire (avec un jeu de mot en anglais): "one nutter’s meds are anutter’s poison." Les médicaments d'une personne dite folle sont le poison d'une autre.
4. Les alternatives prometteuses ne sont pas prises en considération
Beaucoup vont mieux avec des approches non médicales (ou pourraient, si
celles-ci étaient offertes). Heureusement, les options sont légion.
(Voir les notes de fin.) Malheureusement, les cliniciens, les
politiciens ou le grand public ne connaissent pas bien les alternatives.
Celles-ci ne sont donc pas largement offertes ni disponibles et ne sont
pas considérées comme dignes d'essais cliniques.
Ce n'est pas "le problème de l'autre". Un grand nombre d'entre nous sont
potentiellement affectés. Une personne sur quatre croise le chemin du
système de santé mentale. (3) Une sur trois prend actuellement un
médicament psychoactif. (4) Et cela effleure seulement la pointe de
l'iceberg de tous ceux qui luttent.
Qu'est-ce qui différencie le "malade imaginaire", de la "menace sociale"
? J'aimerais penser que c'était plus que mon affinité naturelle pour la
seule approche que le médecin de garde avait appris à offrir.
5. La diversité naturelle n'est pas une pathologie
L'expérience humaine pénètre profondément et se répartit largement dans
la diversité. Statistiquement parlant, il existe de nombreux traits,
valeurs et approches de la vie qui sont partagées. Mais les exceptions
isolées sont également un fait.
Notre variabilité est à anticiper. La diversité, non la conformité, est
la vraie "normalité". Celle-ci contribue à la robustesse, à
l'ingéniosité et à la créativité de notre espèce. Bien que votre
diversité puisse ne pas vous procurer de rencontres ou d'emplois dans
une économie auto-promotionnelle, axée sur l'efficacité et une économie
dominée par les corporations, il ne s'agit pas d'une maladie.
Au contraire, c'est beaucoup plus comme une sous-culture qu'une
"maladie". En réalité, des dizaines d'entre nous valorisent notre
expérience interne, nous sommes fidèles à nous-mêmes et nous traitons
généreusement les autres. Si nous parlons la vérité au pouvoir et qu'on
est perd son emploi, ce n'est pas seulement l'impulsivité, la manie ou
le désordre. C'est le courage de nos convictions. Nous voulons un monde
qui soit plus que l'auto-promotion, la loi du plus fort et se conformer à
l'ordre pour être accepté et en sécurité. C'est une belle vision.
Beaucoup d'entre nous sont en train de mourir (y compris par suicide)
pour avoir voulu cela. Loin d'être une menace sociale, dans les années
1960, le Dr King a soutenu que cette "inadaptation créative" est
essentielle dans notre quête d'un monde socialement juste et équitable.
6. Il s'agit de traumatismes, non de cerveaux malades
Le traumatisme est omniprésent et potentiellement causal.
Quatre-vingt-dix (90!) de la clientèle du système public de santé
mentale est constitué de survivants de "traumatismes". En effet, un
grand nombre de citoyens vulnérables grandissent sans pouvoir satisfaire
leurs besoins humains fondamentaux. Ce sont des choses comme:
- Un accès fiable à la nourriture et à un logement habitable
- La sécurité de la personne et des biens
- La dignité, le respect et un traitement équitable
- Une participation significative et que leur voix compte
- Les moyens de gagner leur vie et d'obtenir des nécessités de vie basiques
- Des opportunités relationnelles, éducatives, professionnelles et culturelles pour se développer
- Un soutien pour pouvoir partager et donner du sens à nos expériences à notre façon
Si l'objectif est de créer un monde plus sûr, alors le traumatisme est
un problème beaucoup plus pressant à résoudre que des supposés
"déséquilibres chimiques du cerveau". Il y a de nombreuses raisons à
cela. Nous n'avons même pas commencé à gratter la surface des
implications d'un système de soins qui serait véritablement informé des
traumatismes. Le prochain essai de cette série abordera cet aspect.
7. Faites les comptes - La somme de tout cela c'est: "volontaire".
Les mécanismes primaires pour un monde plus sûr sont déjà en place. Nous
disposons déjà d'un système de justice pénale qui a pouvoir de
détention, de probation, de surveillance à domicile, de restrictions
géographiques, de traitement de santé comportementale, de dépistage de
drogue, d'ordonnances de non-communication, de justice réparatrice, etc.
Nous avons déjà des ordonnances de restrictions, des procès, et la
médiation. La tâche essentielle consiste à mettre à jour ces protections
- et à les rendre disponibles et pleines de sens - afin de répondre aux
besoins modernes.
L'argent que nous économisons en rendant volontaires les démarches de
soins (frais de police, hôpitaux, tribunaux, avocats, procès, évitement
des blessures du personnel / du patient, frais de sécurité, assurance,
réduction des besoins en personnel, médicaments), cela aidera sur un
long chemin à rendre ces réformes possibles. Nous pourrions financer de
nombreuses solutions de rechange réfléchies, ayant du répondant, qui
soient en faveur de la justice sociale, et bien informées.
Nous pourrions investir dans un système de justice pénale qui soit
réellement conscient des traumatismes, plutôt que de déverser ce fardeau
sur les hôpitaux et leurs personnels. Le changement de moral en
lui-même vaut bien le prix qu'il y a à reconnaître l'inadéquation du
système actuel. Imaginez qu'il n'y ait plus de portes verrouillées et
que toute personne qui s'y trouve veuille s'y trouver. Si une violence
se produit, vous appelez la police. Tout comme partout ailleurs.
8. Les préjugés persistants contre les personnes avec des handicaps psychosociaux ne sont pas dignes d'une société libre.
Il y a un dicton dans les douze étapes: chaque fois que vous pointez le
doigt vers quelqu'un, trois doigts vous désignent en retour. Il suffit
de dire que la majorité a peur et que les préjugés doivent cesser de
faire la loi de la journée. C'est une discrimination - et cela engendre
une discrimination.
En réalité, les personnes de tous les chemins de l'existence ont
présenté un risque grave de blessure à autrui ou à d'autres personnes à
un moment ou à un autre dans leur vie: les courtiers de Wall Street, les
fabricants d'armes, les nouveaux parents, les buveurs, les enfants, les
adolescents, les corpos étudiantes, les utilisateurs du Nyquil
(hypnotique sans ordonnance), Les fumeurs d'herbe, les toxicomanes au
crack, les sauteurs à l'élastique, les artistes martiaux, les pilotes de
courses, les motards de motocross, les patineurs en ligne, les
montreurs de serpents, les constructeurs de feux, les gymnastes, les
boxeurs, les haltérophiles, les fêtards, les "ex-cons", les
insomniaques, les cavaliers, les skieurs, les diabétiques qui mangent
sucré, les patients cardiaques qui conduisent ... Il n'y a pas de fin à
la liste. Certaines personnes (les trapézistes, les forces de l'ordre,
les pompiers, les magiciens, les militaires, les gardes de sécurité, les
parachutistes, les opérateurs de machinerie lourde) gagnent même leur
vie à se mettre en danger.
Il n'existe aucun moyen rigoureux permettant de distinguer la
prédisposition à de tels risques de tout autre type de diversité
psychosociale. Si vous aviez besoin d'une meilleure preuve, les critères
diagnostiques pour les soi-disant "troubles mentaux" (DSM) sont
tellement inutiles que le CMS (US Centers for Medicare & Medicaid
Services) les a rejetés en 2013 et a déclaré à l'APA (American
Psychiatric Association) de recommencer depuis le début.
En tout lieu, excepté la salle d'examen psychiatrique, ceux qui sont
considérés comme une cause d'alarme auraient les droits suivants: une
procédure régulière, une égalité de protection, la liberté, la vie
privée, la sécurité de la personne et de la propriété, la liberté
d'expression, la liberté d'association, la liberté de voyager, le droit à
signer des contrats, des accusations écrites, un procès devant des
jurés, Miranda (avertissement: vous avez le droit de rester silencieux,
etc...), et une indemnisation pour les prélèvements injustes. Vous avez
besoin de ces protections davantage, pas moins, lorsque vous n'avez
commis aucun crime et que vous avez simplement le pire jour de votre
vie.
Dans une société qui serait digne de se déclarer "libre", la sécurité
publique signifierait chacun d'entre nous. Il serait évident que les
destinataires du service seraient "le public" autant que n'importe qui
d'autre. Nous considérerions la peur et les préjugés comme la véritable
menace sociale. Les personnes qui utiliseraient des services de santé
mentale n'auraient pas besoin de protection contre des personnes comme
vous.
Donc s'il vous plait. Arrêtez-vous de nous enfermer "pour notre propre
bien" et d'appeler cela une faveur. Cela ne fait que distraire de la
vraie question: si les services de crise sont si excellents, alors
pourquoi toutes les personnes ne les utilisent-elles pas ?
Voici un test décisif. Pensez à votre dernière crise de la vie.
Avez-vous utilisé ces services? Ont-ils été une option utile et viable
pour vous?
Avant de dire: « Non, mais je ne suis pas [fou, pauvre, sans assurance
...] », arrêtez-vous. Essayez plutôt de dire ceci: « Non, mais je ne
suis pas un être humain. »
Voilà qui produit une qualité de son différent, n'est-ce pas?
(traduit de l'anglais)
Sarah Knutson est une ex-avocate, ex-thérapeute,
survivante-activiste. Elle est organisatrice à la campagne Wellness
& Recovery Human Rights. Vous pouvez la joindre à la Virtual Drop-In
Respite, une communauté en ligne entièrement bénévole, gérée par les
pairs, qui aspire à se sentir comme une famille humaine et à promouvoir
les droits de l'homme.
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