http://depsychiatriser.blogspot.it/2017/01/pourquoi-le-traitement-psychiatrique.html
http://www.ilcappellaiomatto.org/2016/05/perche-il-trattamento-sanitario.html
Article original en néerlandais:
https://tekeertegendeisoleer.wordpress.com/2016/03/29/waarom-gedwongen-ggz-behandeling-verboden-moet-worden/
Jolijn Santegoeds a créé l'ONG "Stitching Mind Rights" [1], elle est
co-présidente du Réseau mondial des usagers et survivants de la
psychiatrie (WNUSP) [2] , et membre du conseil d'administration du
Réseau européen des (ex-) usagers et survivants de la psychiatrie
(ENUSP) [3].
Pourquoi le traitement psychiatrique forcé doit être prohibé, par Jolijn Santegoeds, 29 mars 2016.
Pendant des siècles, a existé la résistance au placement forcé dans les
institutions, à l'isolement, à la contention par sangles, à
l'administration forcée de médications, aux électrochocs forcés, et à
d'autres traitements psychiatriques forcés.
La coercition n'est pas un soin
la coercition est l'une des choses les plus horribles que les personnes
puissent faire à autrui, tandis que le bon soin est justement l'une des
plus belles choses que les personnes puissent offrir à l'autre. Il y a
une différence fondamentale entre la coercition et les soins.
La coercition est contraire au bien-être et mène entre autres au
désespoir, à la peur, à la colère et au ressentiment du client. Par la
coercition, la voix du client est ignorée, et ses limites ne sont pas
respectées. La coercition ne conduit pas à une sécurité accrue, ni au
rétablissement de la santé mentale. Au contraire, par la souffrance,
l'impuissance, et le manque de soutien, le risque est accru d'aggraver
les problèmes psychosociaux et de réaliser une escalade. La coercition
est à l'opposé des soins.
La coercition signifie un manque de soins
Les interventions psychiatriques forcées ne sont pas une solution, mais
un problème pour les soins de bien-être mental. Depuis longtemps, le
traitement forcé a permis aux intervenants de tourner le dos à la
situation de crise, et d'abandonner la personne sans soutien réel; cela a
empêché le développement de bonnes pratiques de soins.
Bien soigner est possible
Bien soutenir évite la coercition. Avec une attitude de respect et un
bon soutien, les problèmes et l'escalade peuvent être évités avec
succès, cela rend la coercition obsolète [4]. Une aide réelle est
possible.
Des efforts sont nécessaires
Bien que toutes les parties sur le terrain de la santé mentale en
Hollande veuillent abolir la coercition [5], le nombre total de demandes
de contraintes légales (RM et IBS) continue d'augmenter chaque année.
Cependant, il y a dans certains endroits des initiatives spécifiques
pour réduire la contrainte, tels que le développement de l'HIC (High /
Intensive Care psychiatry, psychiatrie de soins intensifs) [6], qui ont
pour but de prévenir l'isolement en permettant un soutien intensif.
D'autre part, il y a une augmentation énorme des contraintes dans les
consultations externes (autorisation conditionnelle), ainsi que dans les
incidents avec des « personnes confuses ». On a conclu à plusieurs
reprises que les pratiques étaient « persistantes » , et que la culture
était « difficile à changer ».
Apprendre de l'histoire
L'Europe a une longue histoire de xénophobie envers les personnes avec
des problèmes psychosociaux. Depuis le 15ème siècle , ont existé des
asiles spéciaux conçus comme des prisons, où les gens étaient enchaînés
et enfermés comme des bêtes, et les exorcismes étaient communs. Après
les découvertes de Charles Darwin et les Lumières (17ème et 18ème
siècles), l'essor du secteur médical, a été suivi par l'arrivée de la
première loi asilaire en Hollande au 19ème siècle pour les « admissions
et soins des lunatiques dans les hôpitaux psychiatriques » dans le but
d'offrir des « soins plus humains » que dans les asiles d'aliénés. La
jeune science médicale comprenait une diversité de points de vue, et
dans le 20ème siècle ont été poursuivies de nombreuses expériences
telles que les bains chauds et froids en alternance, la lobotomie, les
électrochocs , etc... L' « anthropologie spéciale » [7] ou la science
raciale et l' eugénisme, s'est engagée dans la recherche de l'homme
parfait, et dans la mise en œuvre de l' « hygiène raciale » destinée à
empêcher le « déclin de la race », une idéologie qui affirme ouvertement
l'inaptitude de certaines populations, et qui a entraîné le génocide
dans lequel les patients psychiatriques ne sont pas épargnés (Seconde
Guerre mondiale).
Après ces pages sombres de l'histoire ont été acceptées les déclarations
universelles des droits de l'homme affirmant la valeur de chaque être
humain, et peu à peu les sociétés sont devenues plus tolérantes.
Cependant, la psychiatrie n'a guère changé et elle s'est maintenue sur
ses fondements discutables et ses pratiques expérimentales, avec le
confinement, les régimes de discipline, et les traitements expérimentaux
comme les piliers inchangés de l'offre de traitement. Elle a encore
pour but de forcer un changement de comportement des clients, sous
prétexte que les clients eux-mêmes sont « incompétents » et incapables
d'exprimer leurs préférences. Ceci est absolument faux: Chaque être
humain émet des signaux. Il s'agit de les interpréter d'une façon
correcte. Le soin réel s'adresse à la personne elle-même plutôt qu'au
comportement. Une assistance professionnelle est quelque chose de
complètement différent de la répression primaire des symptômes.
Il est temps de tracer une limite. Il est urgent de reconnaître que les
soins en santé mentale se sont engagés dans l'erreur au long de leur
histoire. La correction brutale des personnes par la main lourde jusqu'à
ce qu'elles soient jugées « suffisamment bonnes » n'est pas un but
légitime des soins en santé mentale. Il devrait s'agir de bien-être. la
contrainte est l'erreur passée des soins en santé mentale. L'innovation
est nécessaire.
Le besoin mondial pour des soins non-coercitifs et gratuits
Partout dans le monde existe le traitement forcé. Nous connaissons les
images extrêmement bouleversantes des parties les plus pauvres du monde,
les gens enchaînés en Asie par exemple, [8] et en Afrique [9], mais
aussi dans notre propre pays avec Brandon [10] et Alex [11]. Tant que
l'Occident continue d'affirmer que le traitement forcé est le modèle des
soins appropriés, ces scènes seront plus difficiles à bannir, d'autant
plus que de nombreux pays ont des attentes élevées vis à vis de
l'approche occidentale. Il est important de trouver de bonnes solutions
dans la quête mondiale pour les soins non-coercitifs et gratuits.
Appel des Nations Unies
Depuis 2006, existe la Convention des Nations Unies sur les Droits des
Personnes Handicapées (CDPH) [12] , qui expose combien un changement
global est nécessaire à l'égard des personnes handicapées. Plusieurs
organes de l' ONU ont clarifié le fait que la contrainte dans les soins
viole les droits de l'homme [13], [14], [15], [16], y compris quand cela
concerne les Pays-Bas [17], [18]. Nous avons besoin d'un changement.
Et maintenant?
Ceci est une question importante.
Que voulons-nous? Allons-nous enfin faire vraiment ce qui est juste?
Allons-nous montrer de nous-mêmes notre meilleur aspect?
Un véritable changement culturel est nécessaire. La santé mentale doit
se réinventer, et mettre fin aux pratiques d'enfermement et de
coercition. De bons soins sont possibles.
« Oui, mais ce n'est pas ... »
Les commentaires fréquemment entendus sont: « C'est un bel idéal, mais
cela n'est pas réaliste » ou bien: « Il ne peut en être autrement, parce
que le système ne soutient pas cela » ou bien: « La société ici n'est
pas du tout prête pour cela. » L'hypothèse implicite selon laquelle un
changement de culture serait «irréaliste» , montre des perspectives
limitées, peu d'espoir ou d'ambition. Le système est entre nos mains.
Nous sommes la génération actuelle. Le changement est possible. Le monde
est en constante évolution. La santé mentale peut changer [19] , [20] ,
ainsi que l' opinion publique. Nous ne sommes pas impuissants ni
insensibles. Des efforts sont nécessaires pour travailler ensemble afin
de rendre le monde meilleur et plus acceptable. Nous pouvons le faire.
Le changement peut paraître effrayant. Sans un historique positif ou la
mise en œuvre de bonnes pratiques ailleurs, il est peut-être difficile
d'imaginer que tout puisse être différent, mais cela ne doit pas être
une raison pour abandonner immédiatement. Nous ne nous demandons pas si
il est réaliste d'arrêter toute la faim dans le monde avant de
commencer. Chaque personne compte. Le soin réel est possible et doit
être réalisé, y compris dans les situations de crise aiguës et
complexes. Les pratiques abusives sont à arrêter immédiatement. Telle
est la tâche qui est assignée à notre génération. Cela vaut la peine de
travailler ensemble pour unir toutes les forces afin de réaliser ce
changement historique de l'exclusion vers l'inclusion.
La remarque: « Oui, mais la contrainte est nécessaire, tant qu'il n'y a
pas d'alternative » doit ici être réfutée. La coercition n'est pas un
soin, mais l'abus, et il n'y a aucune excuse pour l'abus. La coercition
n'est jamais nécessaire. Un soin de bonne qualité est nécessaire.
Faire des droits de l'homme une réalité
La Convention des Nations Unies relative aux Droits des Personnes
Handicapées (CDPH) fournit une dynamique de changement. Si tout le monde
coopère maintenant, à tous les niveaux du système et de la société, le
changement proposé recevra une impulsion sans précédent. Les articles de
la Convention des Nations Unies ici fournissent des conseils, donc, une
action globale et cohérente est possible. La Convention des Nations
Unies fournit d'énormes possibilités d'améliorer le monde de façon
effective.
Ensemble, nous pouvons éradiquer le traitement forcé de la santé
mentale. Là où il y a une volonté, il y a un chemin. Dans l'histoire il y
avait l'asile, et maintenant nous faisons mieux. Alors maintenant, nous
devons faire mieux. Un monde largement non-exploré est devant nous.
Les points-clés
Il est difficile de changer le système de santé mentale, et la confiance dans la santé mentale ne se restaurera pas sans efforts. Plusieurs choses sont nécessaires pour changer durablement la situation:
- Réaliser de bons soins
L'ancienne psychiatrie ne se fonde pas sur les droits de l'homme, ni sur
la diversité et l'inclusion, mais sur la xénophobie et l'exclusion. La
science a jusqu'ici mis l'accent sur l'homogénéisation de la société, et
sur les tentatives de changer les personnes ( la mentalité de la
camisole de force et des cases à cocher ). La santé mentale moderne
devrait se concentrer sur la promotion d'une société hétérogène et
diversifiée, en créant les bonnes conditions dans la société pour rendre
possibles l'autodétermination, la liberté et l'inclusion, afin que
chacun puisse être heureux et puisse s'accomplir dans sa vie au sein de
notre société. Une réforme fondamentale des soins en santé mentale est
nécessaire.
Le bien-être - ou la santé mentale - est une valeur intrinsèque très
personnelle qui ne peut être produite sous la contrainte. La résolution
des problèmes psychosociaux ( « recovery » en anglais ) n'est pas un
processus isolé de la personne concernée, mais elle est maillage avec le
contexte social de la personne, tels que les opportunités de la vie,
l'acceptation sociale et l'inclusion. L'étendue des besoins concernés
par le soin doit être complètement réévaluée et adaptée aux exigences
d'aujourd'hui.
Il est nécessaire que les privations de liberté cessent immédiatement.
La mise en œuvre des soins de qualité est nécessaire et urgente, et ne
peut être reportée plus longtemps. Les directives précédentes en vertu
de la loi BOPZ 1994, de recourir à la coercition « aussi peu que
possible » et « de durée la plus courte possible » ont clairement
échoué, et le nombre d'applications obligatoires (RM et IBS) continue
d'augmenter de façon continue, et au cours des 10 dernières années, a
plus que doublé. Cette tendance est inacceptable et par conséquent
quelque chose doit vraiment changer maintenant. Le besoin de soins ne
doit pas être une raison pour la privation de la liberté. De bons soins
sont possibles.
Sans soins appropriés, le désordre ne peut que se déplacer. Il est
impératif de faire tous les efforts immédiatement pour fournir des soins
de qualité, y compris les soins appropriés dans des situations de
crise.
- Législation: Bannir la coercition, réorganiser les soins
La législation sur le traitement obligatoire de la santé mentale doit
être révisée. L'objectif des soins de santé mentale n'est pas de traiter
les gens vulnérables de façon brutale, mais le but est de fournir de
bons soins, même dans des situations de crise. Il est nécessaire de
mettre en place une transition.
La législation sur la folie date de 1841, à une époque où la science
médicale en était absolument à ses débuts. La loi BOPZ 1994, et le
projet de loi récent sur les soins obligatoires de santé mentale ont une
structure similaire aux autorisations judiciaires et mesures de crise
RM / IBS, qui respectivement, sont au cœur des détentions et traitements
forcés. Ce système ne repose pas sur une prise de conscience des droits
de l'homme, et ne porte pas sur la qualité des soins et cela doit
changer.
Le traitement forcé est un abus. La législation devrait protéger tous
les citoyens contre les abus. Si le gouvernement participe à des mauvais
traitements de certains groupes, c'est de la torture [21], [22], qui
est absolument interdite. Les lois coercitives telles que la BOPZ et le
projet de loi sur les soins obligatoire de santé mentale sont
inacceptables.
La législation vise à fournir un cadre équitable pour la société. Une
interdiction de la contrainte est nécessaire en raison des droits de
l'homme [23]. En outre, certaines lois peuvent accélérer la fourniture
de soins de qualité et l'organisation de l'innovation [24]. Il nous est
possible de faire des lois qui soient réellement utiles à la société. Ne
serait-ce pas appréciable?
- Compensation: Reconnaître la gravité
Pendant des années et des années, le gouvernement et de nombreux
travailleurs de santé ont pris le contrôle sur la vie des patients
psychiatriques et les ont soumis par la contrainte aux terribles
traitements forcés, aux cellules d'isolement, à la médication forcée,
aux ceintures de contention, aux électrochocs, tous motivés par de
soi-disant « bonnes intentions ». La sincérité des personnes
responsables doit maintenant être prouvée par la reconnaissance
authentique de la souffrance que beaucoup ont eu à endurer. Une
compensation serait appropriée: quand vous cassez quelque chose vous
avez à payer pour cela. Nous considérons cela comme tout à fait normal.
* Les excuses sont nécessaires pour rétablir la relation entre les (anciens) clients et les soignants.
* La reconnaissance des traumatismes causés par le traitement forcé et un soutien pour les surmonter si cela est demandé.
* Des compensations qui montrent que le changement d'attitude est authentique.
Maintenant, il est temps de montrer que les Pays-Bas sont vraiment un pays civilisé.
Passons à l'action
Je voudrais appeler tout le monde à contribuer au changement culturel.
Travaillons ensemble pour veiller à ce que les droits de l'homme soient
respectés pour chaque être humain, et que la vieille psychiatrie démodée
disparaisse, et que seuls les bons soins soient pratiqués en santé
mentale.
S'il vous plaît diffusez ce message afin d'accroître la sensibilisation.
***
Pour renforcer l'argument ci-dessus, j'ai publié une description de mes
expériences personnelles avec la psychiatrie forcée néerlandaise, à lire
en anglais à travers ce lien: 16 ans, déprimée et torturée en
psychiatrie - Une déclaration d'une victime des abus et de la torture
par la psychiatrie forcée (2016).
https://tekeertegendeisoleer.files.wordpress.com/2014/12/16-years-old-depressed-and-tortured-in-psychiatry.pdf
Cette publication fait partie de la campagne prohibition absolue de l'hospitalisation et du traitement forcés, voir https://absoluteprohibition.wordpress.com
Références:
[1] Actiegroep Tekeer tegen de isoleer! / Stichting Mind Rights www.mindrights.nl
[2] WNUSP: World Network of Users and Survivors of Psychiatry www.wnusp.net
[3] ENUSP: European Network of (Ex-) Users and Survivors of Psychiatry www.enusp.org
[4] Report: Best practices rondom dwangreductie in de GGZ 2011
[5] Declaration on reduction of coercion: Intentieverklaring GGZ: preventie van dwang in de GGZ 2011
[6] High Intensive Care HIC (HIC)
[7] Description of Racial-science e.a.: Winkler Prins Algemeene Encyclopaedie, vijfde druk, Elsevier, 1936
[8] Human Rights Watch “Living in hell – abuses against people with psychosocial disabilities in Indonesia”, 2016
[9] Robin Hammond, fotoserie “Condemned – Mental health in African countries in crisis”
[10] Brandon van Ingen, Jongen al 3 jaar vastgebonden in een zorginstelling
[11] Alex Oudman, Schokkende beelden uit isoleercel – Toen en nu
[12] UN Convention on the Rights of Persons with Disabilities (CRPD)
[13] CRPD General Comment no. 1 on CRPD article 12 Equal Recognition before the law
[14] CRPD Guidelines on CRPD article 14 Liberty and Security of Person
[15] Statement of 2 UN Special Rapporteurs “Dignity must prevail – an appeal to do away with non-consensual psychiatric treatments” World Mental Health Day, 10 October 2015
[16] A/HRC/22/53 Special Rapporteur on Torture, Juan E Mendez, Torture in health care settings (2013)
[17] Communication sent to the Kingdom of the Netherlands by the UN Special Rapporteur on Torture and Other Cruel, Inhuman or Degrading Treatment or Punishment and the UN Special Rapporteur on the Right of Everyone to the Enjoyment of the Highest Attainable Standard of Physical and Mental Health. AL Health (2002-7) G/SO 214 (53-24) NLD 2/2013, October 2013, https://spdb.ohchr.org/hrdb/24th/public_-_AL_Netherlands_08.10.13_(2.2013).pdf
[18] CAT/C/NLD/CO/5-6, CAT Concluding Observations on the Netherlands
[19] High Intensive Care HIC (HIC)
[20] Intensive Home Treatment (IHT)
[21] Torture, for full definitiion see article 1 CAT, Convention Against Torture.
[22] A/HRC/22/53 Special Rapporteur on Torture, Juan E Mendez, Torture in health care settings (2013)
[23] amongst others the right to liberty, freedom from torture / Civil and political rights and CRPD
[24] amongst others the right to health care and adequate standard of living / Social, economic and cultural rights and CRPD.
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