Le témoignage d’Agnès: traitements dégradants, traitements forcés en France.
21/03/2016
En violation de l’article 16 de l’ONU, les personnes présentant un
handicap psychiques subissent des traitement dégradants qui bafouent
toute dignité humaine.
Voici mon témoignage :
J’ai été hospitalisée 2 fois dernièrement à l’hôpital psychiatrique relevant de mon département
En juin, il m’ont placée dans une chambre d’isolation et m’ont attachée pendant 2 jours. J’étais allée aux toilettes le dimanche à midi et j’ai été hospitalisée vers 17heures. Le lendemain toujours attachée, j’ai crié que j’avais envie de faire pipi. Ne voyant personne venir, j’ai fini à bout par uriner dans mon lit. Des infirmiers sont venus. Ils m’ont déshabillée de force et m’ont écarté les jambes pour me placer une couche pour incontinents. Ils m’ont arraché la veste de pyjama et essayé d’ôter mon soutien-gorge, le tout avec une violence inouïe.Aujourd’hui encore j’ai un profond sentiment de honte tant je ressens cet acte comme un viol de mon intimité. En y pensant ma gorge se noue et mon estomac se serre.
En juin, il m’ont placée dans une chambre d’isolation et m’ont attachée pendant 2 jours. J’étais allée aux toilettes le dimanche à midi et j’ai été hospitalisée vers 17heures. Le lendemain toujours attachée, j’ai crié que j’avais envie de faire pipi. Ne voyant personne venir, j’ai fini à bout par uriner dans mon lit. Des infirmiers sont venus. Ils m’ont déshabillée de force et m’ont écarté les jambes pour me placer une couche pour incontinents. Ils m’ont arraché la veste de pyjama et essayé d’ôter mon soutien-gorge, le tout avec une violence inouïe.Aujourd’hui encore j’ai un profond sentiment de honte tant je ressens cet acte comme un viol de mon intimité. En y pensant ma gorge se noue et mon estomac se serre.
La 2éme fois en septembre cette fois, j’ai été placée en chambre
d’isolement. Elle était pourvue de toilettes verrouillées de l’extérieur
ce qui vous contraint à aller uriner dans un seau hygiénique sous
“l’œil bienveillant” d’une caméra de vidéo-surveillance. Enfermée ainsi
pendant 3 jours et 4 nuits, vous perdez la notion jour et nuit. Quand,
vous sortez enfin, vous voilà docile comme un mouton prêt à quémander ou
presque les médicaments que ‘l’on vous a prescrits et que l’on vous
donne à heure fixe 3 fois par jour.
Tels sont les méthodes chocs employées par l’hôpital psychiatrique de
mon département pour mâter les plus récalcitrants… Comment conserver
l’estime de soi et se réintégrer socialement quand on a subi de tels
traitements et qu’on ne peut communiquer sur ce qu’on a vécu ?
Je vis dans le sud de la France, pays des droits de l’Homme qui a
pour devise “Liberté, Égalité, Fraternité”. J’ai une reconnaissance de
handicap à 80%.
Je veux que vous apportiez mon témoignage pour que cessent ces méthodes indignes pour l’être humain et indignes du XXIe siècle.
Je voudrais dire aussi que lorsque j’ai été attachée, ils ont serré
si fort les liens de contention que j’étais dans l’incapacité de bouger
et que même sans bouger, ma cheville a été entaillée.
J’ajouterai que dans ce même hôpital, on utilise des mesures
vexatoires à l’encontre des patients; on leur ôte toute dignité en les
contraignant à rester en pyjama devant les autres patients pendant au
moins 5 jours, le plus souvent une semaine, voire plus. C’est le médecin
qui décide de la levée de la contrainte.
Enfin, il faut savoir que dans notre pays, les malades psychiatriques
internés relèvent du “juge des liberté et de la détention” qui est
aussi le juge des prisonniers de droit commun, alors que la plupart
d’entre nous, n’avons commis aucun délit. Au bout de 10 jours environ,
vous êtes admis à comparaître devant lui. Comment se défendre quand
assommée de médicaments, on a peine à avoir les idées claires, à aligner
ces phrases à trouver ses mots ? En fait le but de cette audience est
avant tout de démontrer que vous n’êtes pas coopérant avec les soins ce
qui justifie la poursuite de votre internement dans l’établissement.
Je pourrais aussi parler des effets qu’ont eu sur moi les
neuroleptiques. Lorsqu’on me les a administrés pour la première fois,
j’étais revenue à la réalité après 3 jours de bouffée délirante aiguë.
Depuis chaque fois que je les arrête ou qu’on les baisse trop
brusquement ou qu’on me prescrit un traitement inadapté, je rechute.
On me disait brillante et aujourd’hui, je ne suis plus que l’ombre de
moi-même: j’ai perdu mon affect, tout sens critique toute capacité
d’analyser, toute intelligence émotionnelle et mes facultés cognitives.
Comme ce sont les émotions qui fixent la mémoire, je suis vide de
souvenirs depuis 17 ans. J’ai de grands trous noirs concernant des
événements que j’ai vécus ce qui est terriblement angoissant. J’ai perdu
toute curiosité intellectuelle, tout intérêt pour les choses y compris
pour le domaine pour lequel j’ai effectué des études universitaires. Je
subis la vie sans la vivre vraiment. Je suis une morte-vivante. A
certains moments j’ai même été zombifiée. C’est ainsi qu’on m’a imposée
une contrainte de soins après ma sortie de l’hôpital (loi qui a été
généralisée en France par Nicolas Sarkozy en 2011) : tous les 14 jours,
on m’administrait une piqûre de 50 mg de risperdal constat et les
infirmiers passaient tous les soirs à mon domicile pour me contraindre à
prendre un comprimé de 4 mg de risperdal (rispéridone). Incapable de me
concentrer et souffrant de terribles anxiétés, j’ai été contrainte de
prendre un travail à mi-temps.
Vous pouvez publier mon témoignage. J’ose espérer qu’il va servir à
mettre fin à certaines méthodes utilisée par la psychiatrie moderne. Je
sais qu’un jour, des gens s’étonneront de l’emploi de méthodes si
barbares et que peut-être dans un proche avenir des individus, avec
l’avancée des connaissances, traîneront en justice les médecins et les
industries pharmaceutiques, responsables de leur état.
C’est paradoxal. Les “psychiatres” comme leur nom l’indique devraient
soigner la psychée (l’âme). Or justement en tant qu’handicapés
psychiques, nous ne sommes pas traités comme des êtres humains par
certains personnels soignants et cela dans l’indifférence presque totale
de la société qui cautionne de tels traitements dégradants qui vont
pourtant à l’encontre de la Convention de l’ONU contre la torture et les
traitements dégradants. : il y a les végétaux, les animaux, les malades
mentaux et l’espèce humaine. Que s’imaginent-ils? Que parce que nous
perdons la raison, nous perdons notre conscience, que nous n’avons pas
d’âme et que notre ressenti est celui d’un animal ? En fait je pense
qu’ils ne font pas ça non parce que nous constituons un danger pour eux
et pour les patients mais parce qu’ils croient qu’en nous traitant comme
ça, cela nous dissuadera d’arrêter les médicament. Qu’ils se
détrompent! Nous les arrêterons encore et encore pour leur prouver le
contraire et nous prouver aussi à nous-même que nous sommes des êtres
humains.
J’en ai moi-même fait l’expérience : en 2013, j’ai été hospitalisée
une nouvelle fois à l’hôpital psychiatrique, après avoir arrêté mes
médicaments,. Je n’y ai pas subi de sévices et cette fois là, et je suis
tombée sur une psychiatre humaine qui m’a bien expliqué qu’il fallait
que je sois stabilisée pendant 4 ans avant de pouvoir essayer (avec
l’aide d’un médecin) d’arrêter les neuroleptiques. Je n’ai plus jamais
arrêté mes médicaments. J’ai rechuté en 2015 (j’avais des comprimés à
cette époque que je prenais toute seule) peut-être parce que mes doses
étaient trop basses. A l’hôpital sous la pression de ma famille, le
psychiatre a instauré une injection retard d’abilify et comme ce
traitement est destiné aux personnes atteintes de schizophrénie, j’ai
rechuté une 2e fois, un mois après.
Aujourd’hui, j’aimerais bien revenir aux comprimés et être considéré
comme un être humain responsable. Les injections retard sont
dégradantes..Elles ne permettent pas de nuancer et d’ajuster au plus
près les médicaments. Sans compter que leurs effets à long terme ne sont
pas connus. Que se passerait-il en cas de syndrome malin des
neuroleptiques ? C’est une question que je me pose. Malheureusement les
psychiatres abusent de ces injections les généralisent et les banalisent
sans mesurer les effets qu’elles engendrent. Quant à moi, je n’
arrêterai plus mon traitement car avec ce que j’ai lu là-dessus, j’ai
bien compris que les neuroleptiques ou antipsychotiques sont comme une
drogue et doivent être arrêtés très progressivement pendant une longue
période avec des paliers de stabilisation. Les arrêter brutalement c’est
le meilleur moyen de basculer dans la folie. Il m’aura fallu 17 ans
pour que je comprenne tout ça, alors que si on m’avait expliqué cela dès
le début(ou presque) en me considérant comme un adulte à part entière,
un malade comme les autres, doué de conscience et de raison, je n’en
serais sûrement pas à ma 10ème ou 11éme hospitalisation.
URL: http://wp.me/p790Bb-ar
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